Romain a défini ses objectifs - le bac, puis le retour dans le
village familial - et a adopté un vocabulaire que ne renierait pas sa
coach : "Je suis en bas de la montagne, mais j'ai pris le piolet et il
ne me reste plus qu'à grimper", lance-t-il.
"Pour atteindre la cime des arbres, il faut viser les étoiles":
l'incantation est énigmatique, voire mystique, mais elle a le mérite de
convaincre Romain, 18 ans, qui s'en est remis à une coach pour combattre
son stress à l'approche du baccalauréat.
Depuis septembre, des
séances de coaching sont prodiguées gratuitement au lycée Champlain de
Chennevières-sur-Marne (Val-de-Marne), et à quelques jours du début des
épreuves, l'heure du bilan et des ultimes recommandations a sonné.
La
coach Corinne Maarek alterne encouragements mystiques - "Tu te vois" -
et petites astuces pratiques - "Fixer un point pendant l'examen" - pour
regonfler l'ego de Romain qui en avait bien besoin.
Après un
premier échec au bac l'an passé, il avait pensé "tout laisser tomber".
Sans trop y croire, il s'est tourné vers les séances de coaching
organisées le mercredi après-midi dans cet établissement de 2.000 élèves
planté en pleine Zone urbaine sensible.
"C'est sûr que c'est un
truc à la mode. Il y a des coachs pour tout, pour apprendre à cuisiner,
etc... C'est un peu +space+ (étrange, NDLR) mais je me suis dit :
+pourquoi pas?", raconte le lycéen.
Quelques séances plus tard, une mue s'est opérée.
Romain
a défini ses objectifs - le bac, puis le retour dans le village
familial - et a adopté un vocabulaire que ne renierait pas sa coach :
"Je suis en bas de la montagne, mais j'ai pris le piolet et il ne me
reste plus qu'à grimper", lance-t-il.
Assise à ses côtés, Garance n'a ni le même profil, ni les mêmes angoisses.
A
16 ans, elle passe son bac économique et social avec un an d'avance
mais cette jeune fille au regard mélancolique manquait de confiance en
elle. "J'avais du mal à me trouver", confie-t-elle.
L'idée de
postuler pour la prestigieuse faculté de Dauphine, à Paris, lui semblait
insurmontable. "Je ne pensais pas me mesurer à des gens d'Henri IV
alors que je viens d'un lycée pas terrible", dit-elle.
Après huit
séances de coaching et quelques concepts ésotériques ("le cercle
d'excellence"), la jeune fille se voit changée. "Je n'ai plus envie de
plaire à tout le monde", dit-elle.
En septembre, sur les conseils
de sa coach, elle s'était écrite une lettre à elle-même. Et en relisant
la missive aujourd'hui, elle dit ne "plus trop aimer la personne qu'elle
était".
A Champlain, les allergiques au coaching peuvent choisir une autre méthode de relaxation : la sophrologie.
"Ce
sont les mêmes techniques utilisées pour soulager les femmes enceintes
et faciliter l'accouchement", fait valoir Catherine Aliotta, qui propose
ses services dans le lycée depuis cinq ans.
Ici, on apprend à
maîtriser sa respiration, à détendre ses muscles et à apprivoiser son
corps. "On accueille cette petite sensation de picotement au niveau du
cou", souffle d'une voix douce Mme Aliotta à ses deux cobayes du jour.
Elève
en terminale scientifique, Jessica a l'impression de "jouer sa vie à
chaque examen" et elle a désormais "une issue de secours en cas de grand
stress".
Sa collègue du jour, Maëva, 16 ans, puise dans la
sophrologie pour régler ses "problèmes de concentration". "Mon attention
se détourne au moindre bruit et geste", raconte cette candidate au bac
français.
Selon le proviseur José Rémy, ces ateliers ne
constituent pas "un remède miracle" mais ils ont une vertu : "combler un
vide dans l'Education nationale qui n'a guère le temps de s'occuper du
bien-être des élèves".